Poèmes de Beppe Costa traduits par Luan Rama

foto Marco Cinque

Nous publions quelques poèmes de Beppe Costa traduits par Luan Rama

(Pubblichiamo alcune poesie di Beppe Costa tradotte da Luan Rama)


Librairie  - 1

Tout autour livres sur livres
qui ne me contiennent plus
grandissant au fil des années, séparés de moi
ils ne m'expliquent plus qui suis-je, où je vais
ou partirais, laissant une obscurité plus profonde
Ils ont le dos coloré
et les couvertures brillent même la nuit
piles de papier inutiles
pour ne pas les garder plus au lit
sinon le mettre dessous
le soulever si c’est trop bas

Où ont disparu Goethe et Steinbeck
Dickens et Pirandello
Hikmet et Baudelaire ?

J'avais l'habitude de me promener en discutant
quand je savais où aller et quoi faire
maintenant je me retrouve ici avec eux autour:
le silence

Hrabal parlait avec des histoires et moi avec lui
Arrabal maudissait le désordre
Les sourds-muets alignés semblent ne pas comprendre
dans de beaux emballages ils sont inutiles
comme des cigarettes consumées
qui ne font qu'aggraver l'état d'une littérature
malade et déjà mourante
peu de mots beaucoup de souffle
incompréhensibles et ennuyeux
en passant le temps j'ai essayé la guitare
quelques accords toujours les mêmes
pour beaucoup c'était fastidieux et du bruit
j'ai essayé les notes de piano
la gêne était plus évidente
malgré la mise en sourdine
il a semblé à beaucoup plus qu'un crash

J'ai alors pris des mots qui décrivent
dur comme la pierre et qui restent dans le temps
des mots de plus en plus chauds que j'ai lancés
même à de grandes distances en espérant
dans une certaine rébellion : pas de protestation
je possédais cette arme la plus dangereuse
durement gagné
pas de protestation, pas de tracas autour
l'humanité sourde passe près de moi


Negozio di libri- 1

Tutt’intorno libri su libri
che più non mi contengono
crescendo negli anni si sono allontanati
non mi spiegano più chi sono, dove vado
o andrò, lasciano nel buio più fondo

Hanno dorsi colorati
e copertine lucenti pure di notte
inutili ammassi di carta da non
portare più a letto
semmai sotto per sollevarlo
se troppo basso

Dove sono svaniti Goethe e Steimbeck
Dickens e Pirandello
Hikmet e Baudelaire?

Un tempo passeggiavo discutendone
quando sapevo dove andare e cosa fare
ora mi ritrovo qui con loro intorno:
silenzio

Hrabal parlava con le storie e io con lui
Arrabal imprecava contro il dissesto
Muti sordi allineati sembrano non capire
nelle belle confezioni sono inutili
come sigarette consumate
che solo aggravano lo stato di una letteratura
malata e già morente


Même maintenant que la lune est là -2

Même maintenant que la lune
à quoi ça sert si quand tu étais là
elle était déjà partie.

Même maintenant que la lune est là, tu n'es pas
Et je me demande si les étoiles aussi jouent avec toi
comme toi et encore je me demande si dans la terre où tu voulais aller
il y a la même lune et la même mer

Même maintenant que la lune est de retour
si tu peut-être que si tu reviens, tu reviendras différent
tu ne seras plus avec moi qui n'ai pas de lumière
je n'ai pas d'étoiles dans les univers partis
toutes mes pensées étaient pour toi

Et je n'en trouve pas d'autres, je cherche en vain d'abord
que la lune revienne pendant ton absence.

Tu n’es plus parti et je me demande si la lune a des tours
Si elle a des complices ou des tyrans d'amour
cette lune qui n'est pas là.

Et moi assis ici devant le seuil
et toi regardant un autre ciel une autre mer
où la lune qui n'est pas là
elle est là bas!
foto Marco Cinque

Anche ora che la luna - 2

Anche ora che la luna
a che serve se quando tu c’eri
lei era già andata via.

Anche ora che la luna c’è non ci sei tu
e mi domando se anche le stelle giocano con te
come te e ancora mi domando se nella terra
dove sei voluta andare c’è la stessa luna e lo stesso mare

Anche ora che la luna torna
tu forse se tornerai, tu ritornerai diversa
non sarai più con me che non ho luce
e non ho stelle in universi andati
avevo speso i miei pensieri tutti per te

E non ne trovo altri, cerco invano prima
che la luna torni mentre non ci sei.
Non sei più e mi chiedo se la luna ha trucchi
e inganni se ha complici o tiranni d’amore
quella luna che non c’è.

Ed io qui seduto davanti la soglia
e tu a guardare altro cielo altro mare
dove la luna che qui non c’è
lì c’è!


Enfance -3

Je ne sais pas
il y a la mer qui joue
comme je l'ai ressenti jadis
Je le vois dans le crie du vent
Ce n'est plus romantique
la mer polluée non plus
serein ou bouleversé par l'amour
sans plus penser à faire quelque chose
je vais et viens dans cette chambre sans souvenirs
murs blancs sans rien à accrocher
sans souvenirs
où seul je dépose le corps
une chaise un lit et une armoire

Finis les rêves de livres de musique
les couleurs de l'âge ont disparu

Désert

Un désert pas pour les touristes
désert poussiéreux à l'intérieur
de poussière et de fumée
à l'intérieur de moi
sans traces ni retours
sans abandons
je ne sais pas où loger
si je me penche sur le dos
tourné vers le mur vers le toit
et à l'envers
je n'entends pas la mer jouer
dans les orages

je n'entends pas le hurlement du vent
je ne suis plus romantique
même pas la lune pour Mozart
assassin rêveur

je m'enferme en face du lendemain
qui insiste de ne pas revenir

Ecoute
il y a la mer qui arrive
vagues déferlantes
avec le vent qui hurle
avec moi j'emporte quelques grammes de Mozart

Quatre mois trois maisons
Il n'y a plus la mer qui hurle en hiver
ni Mozart qui joue
ou le vent qui claque
les portes en face du bar
avec les vestes pour hommes ours
bruits de camions

Il n'y a pas de Mozart vivant
ni la mer qui joue
ni toi qui me regarde
tu n’as pas empêché
que la mer joue
que le vent hurle de nuages noirs
et puisse gagner
m'emmener loin d’ici

Néanmoins
J’adore la mer qui hurle.  


Infanzia - 3

Non so
c’è il mare che suona
come un tempo lo sento
lo vedo nell’urlo
del vento non più romantico
il mare inquinato non più
sereno o d’amore sconvolto io
non più pensando qualcosa da fare
giro per stanze senza ricordi
pareti bianche senza nulla d’appendere
senza memorie
dove solo deposito il corpo
una sedia un letto e un armadio

Scomparsi i sogni di libri di musica
scomparsi i colori d’età
Deserto 

Deserto non per turisti
deserto polveroso dentro
di polvere e fumo
all’interno di me
senza tracce o ritorni
senza abbandon
non so dove stare
se mettermi curvo supino
girato al muro al tetto
e capovolto
non sento il mare che suona in tempesta
non sento l’urlo del vento
non più romantico
neppure la luna per Mozart
assassino sognante

Mi racchiudo per il giorno appresso
che si ostina a tornare

Senti
c’è il mare che arriva
onde che sbattono col vento che urla
porto con me pochi grammi di Mozart

Quattro mesi tre case
Non c’è più il mare che urla d’inverno
né Mozart che suona
o il vento che sbatte
le porte di fronte col bar

Non c’è Mozart che vive
né il mare che suona
né tu che mi guardi
non hai impedito
che il mare suonasse
che il vento di urla di nere nubi
vincesse
portandomi via

Eppure
adoro il mare che urla.


Je voudrais - 4

Je voudrais un terrain
l'odeur des feuilles et des fourmis
d'herbe d'arbres branches sèches
je pourrais m'asseoir et regarder mon corps
se couvrir d'insectes

Je voudrais aller en mer
me laisser couvrir d'eau
et descendre tout en bas
découvrir et éteindre la lumière petit à petit
et mourir comme un poisson pêché

Je voudrais de ciel
passer à travers les nuages et au-delà
intriguer les oiseaux
qu'enfin sans peur ils commenceraient à picorer
et se renverser sans souffle

Je voudrais entendre le cœur battre
amplifier jusqu'à ce qu'il explose
J'aimerais penser à mes années toutes ensemble
être détruit et tout recommencer du debout

Je voudrais boire beaucoup de vin
devenir ivre fou sans plus d'yeux pour raconter
Je voudrais courir sans fin

Et me voir arriver toujours avant moi
Je voudrais bien me couper les poignets
boire mon sang et devenir propre comme un enfant
et
je voudrais tante de t’avoir toi

foto Dino Ignani


Avrei voglia - 4

Avrei voglia di terra
l’odore di foglie e formiche
di erba alberi rami secchi
potrei sedere e guardare il mio corpo
ricoprirsi d’insetti

Avrei voglia di mare
lasciarmi coprire d’acqua
andare giù fino in fondo
scoprire e spegnersi la luce poco a poco
e morire come un pesce pescato

Avrei voglia di cielo
passare in mezzo a nuvole e oltre
incuriosire gli uccelli che infine
senza paure comincerebbero a beccare
e ricadere indietro senza più cuore

Avrei voglia di sentirlo battere il cuore
amplificarsi fino a scoppiare
Avrei voglia di pensare ai miei anni tutt’insieme
esser sconfitto e riprender daccapo

Avrei voglia di bere tanto vino
impazzire ubriaco senza più occhi per raccontare
Avrei voglia di correre all’infinito
e vedermi arrivare sempre prima di me

Avrei voglia di radermi per bene i polsi
bere il mio sangue ritornare pulito e bambino
e Avrei tanta voglia di te


Réveil - 5

Si j’aurais su l'heure de ton réveil
je pourrais respirer et commencer à vivre
mettre des fleurs sous tes pas

Si j’avais su quand tu t'endors
je pourrais me trouver dans ton rêve
apporter avec moi la musique que tu préfère tous les soirs

Si tu me demandais tout l'orchestre, je l'apporterais
mais je sais surement qu’à ton réveil
tu me trouverais sans plus aucune note
et chaque fleur serait déjà fanée
tous les mots je les aurais écrits sur les nuages
d'un hiver plein d'orages
afin qu'aucun d'entre eux ne puisse être trouvé
et pouvoir me dire en larmes que je t'aurais menti
seulement si j’avais pu savoir l’heure de ton réveil


Risveglio - 5

Se sapessi l’ora del tuo risveglio
potrei respirare e cominciare a vivere
mettendoti i fiori sotto i passi

Se potessi sapere quando ti addormenti
potrei farmi trovare nel tuo sogno
portarmi dietro la musica che a ogni notte preferisci

Se mi chiedi l’orchestra intera io la porterei
ma so per certo che al risveglio
mi troveresti senza più una nota
ed ogni fiore sarebbe già appassito
tutte le parole le avrei scritte sulle nuvole
d’un pieno inverno ricco di bufera
così che neppure una tu ne possa ritrovare
e non potermi dire fra lacrime che ti avrei mentito
se solo potessi sapere l’ora del risveglio

Le Rouge - 6

Du rouge abondant dans les rues mourantes
du rouge des cœurs qui ne voient pas le soleil
du rouge du soleil qui ne voit pas les cœurs

de cœurs abattus
des aurores en feu frappés du ciel

du rouge de sang des feux
des jeux

du rouge de sang d'une vie
qui naît
du rouge de la mère mourante

du rouge noirci par les mines et les sueurs
du rouge du vin qui a vaincu
la vie
du rouge du vin enivré de toi

du rouge de la scène du bal
du rouge d'amour parfois à tes côtés
le rouge du coucher de soleil qui change
mes journées

du jour que la vie me ramène à toi
du rouge de la lumière des peintures d'auteur
du rouge de flamme dans la cheminée qui réchauffe
du rouge de la croix quand elle nous unit

du rouge qui brûle mais qui ne chauffe pas

du rouge d'une fleur cueillie par erreur
du rouge des entrailles rouges de la lave
qui lave la terre

Du rouge de la lumière qu’on ne voit pas exploser
de rouge qui t’habille quand tu jettes ta pudeur

du rouge des lèvres que tu ouvres
du rouge de la plaie dans ton ventre et ainsi de suite
ma vie commence.


Rosso - 6

Del rosso abbondante in strade morenti
del rosso di cuori che non vedono sole
del rosso di sole che non vedono cuori

di cuori al macello
di albe infuocate da spari di cielo

di rosso del sangue di fuochi
di giochi

di rosso del sangue d’una vita
che nasce
di rosso della madre che muore

di rosso annerito da miniere e sudori
del rosso del vino che ha sconfitto
la vita
del rosso del vino che ubriaco di te

del rosso di palco di sera da sballo
di rosso d’amore a volte al tuo fianco
del rosso tramonto che scambia
i miei giorni

del giorno che vita che mi riporta a te
del rosso di luce di quadri d’autore
di rosso di fiamma al camino che scalda
del rosso di croce quand’è solidale

di rosso che brucia ma non porta calore
di rosso d’un fiore per errore raccolto

di rosso di viscere di lava
alla terra che lava

di rosso chiarore che esplodendo non vedi
di rosso che vesti quando svesti il pudore

di rosso di labbra che apri alle labbra
del rosso ferita al tuo ventre e così
la mia vita comincia.